MINI TEST DU NIKON D3


Nikon D3

L'annonce du nouveau boîtier reflex professionnel Nikon D3 fait sensation auprès des habitués de la marque, et pour cause :

Depuis l'arrivée du premier Nikon "D", le D1 en 1999, absolument tous les boîtiers reflex numériques Nikon ont utilisé un capteur au format APS-C d'environ 23,7 x 15,7mm.

Ce format, baptisé "DX", est plus petit que le film traditionnel de 36 x 24mm, et avait été retenu pour résoudre plusieurs problèmes techniques, telles les "franges" de couleurs en bord d'image, et afin d'abaisser le coût de l'appareil.
(un gros morceau de silicium étant plus onéreux !)

L'utilisation de ce format "réduit" impliquait une conversion de focale.
En effet, un coefficient multiplicateur de 1,5 devait être appliqué aux objectifs afin d'obtenir l'angle de vue équivalent obtenu précédemment sur les boîtiers argentiques.
Ce phénomène « obligatoire» était avantageux pour les téléobjectifs (un 200mm devenant un 300mm) mais pénalisait les objectifs grands angles.

Ainsi, un objectif grand angulaire de 24mm utilisé sur un boîtier numérique à capteur "DX" donnait un angle de vue équivalent à un objectif quasi standard de 36mm sur un boîtier argentique 24x36mm, etc...


Le Nikon D3 marque un virage décisif, avec le retour à un capteur dit de « plein format » de 36 x 24 mm...
...re-baptisé pour l'occasion format "FX" !

Ainsi les deux principales conséquences positives de ce changement sont :

- la possibilité d'utiliser à nouveau des objectifs à leurs focales réelles, offrant donc plus de confort et de choix dans les grands angulaires : l'utilisation de l'objectif AFS 17-35 2.8D permettant à nouveau de travailler à la vraie focale de 17mm (chose impossible depuis 8 ans !) et même d'utiliser le tout nouveau AF-S 14-24mm f/2.8G offrant ainsi la possibilité de travailler à 14mm avec un angle record de... 114° !

- L'autre conséquence positive est de bénéficier d'une surface de capteur plus grande permettant soit d'augmenter le nombre de pixels (option non encore annoncée, mais attendue à terme pour aller concurrencer le Canon EOS 1Ds Mark III dans la plage des 20 millions de pixels), soit de faire des pixels plus gros et plus sensibles, option retenue sur le D3.

De ce fait, dans la pratique, le Nikon D3 n'offre pas plus de résolution que le précédent fleuron de la gamme : le D2Xs !
D'ailleurs, en comptant précisément, on peut même remarquer que le D3 annonce une résolution très légèrement inférieure : 4256 x 2832 contre 4288 x 2848 pixels pour les D2X/D2Xs, soit 32 pixels en moins sur l'axe horizontal et 16 sur l'axe vertical (insignifiant !)

En revanche, le Nikon D3 propose des pixels plus sensibles, composés de petits carrés, les photosites, de 8,45 microns de côté, contre 5,5 microns seulement pour un D2X.

La plage de sensibilité du Nikon D3 s'en trouve étendue, et va de 200 à 6 400 iso, contre seulement 100 à 800 iso pour les D2X/D2Xs. Le D3, en mode "boost", peut même atteindre la valeur record de 25 600 iso (contre "seulement" 3 200 iso pour le D2X/D2Xs).
Mais toute augmentation de sensibilité consiste en un gain électronique et amène fatalement du "bruit" dans l'image (granulation, détérioration des couleurs, etc...).

En ce début novembre 2007, le Nikon D3 n'est toujours pas disponible officiellement, mais ayant eu l'opportunité de "jouer" avec un boîtier D3 pendant une heure, je me suis livré à quelques tests afin d'apprécier la qualité d'image obtenue aux différentes valeurs iso, et de comparer les résultats obtenus avec mon Nikon D2X.

Les résultats présentés ci-dessous ne se veulent pas des tests scientifiques, mais simplement un premier essai "vite fait".

Celui-ci est assez loin de la précision des tests que je réalise habituellement.
(des prises de vue de mires parfaitement orthogonales, avec éclairages spéciaux, doubles trépieds etc...)

Ici, les conditions de prises de vue n'étaient pas fameuses : en intérieur, toiture de hangar à 20 mètres de distance, éclairage incandescent variable, réglages de balance des blancs et de contrastes légèrement différents entre les 2 boîtiers, etc...

L'objectif utilisé pour ce test a été le nouveau AFS 14-24 2.8G, réglé à F8.0, et à 24mm et pour le Nikon D3 et à 16mm environ pour le Nikon D2X, ce afin d'obtenir "à peu près la même image".

Agrandissement à 100% d'un détail d'image Nikon D2X


Test Nikon D2x @ ISO 400

Image de référence N°1,
Nikon D2X @ iso 400 à 100%

Test Nikon D2x @ ISO 800

Image de référence N°2,
Nikon D2X @ iso 800 à 100%

Agrandissement à 100% d'un détail d'image Nikon D3


Test Nikon D3 @ ISO 200

Nikon D3 @ iso 200

Test Nikon D3 @ ISO 400

Nikon D3 @ iso 400

Test Nikon D3 @ ISO 800

Nikon D3 @ iso 800


Test Nikon D3 @ ISO 1600

Nikon D3 @ iso 1600

Test Nikon D3 @ ISO 3200

Nikon D3 @ iso 3200

Test Nikon D3 @ ISO 6400

Nikon D3 @ iso 6400


Test Nikon D3 @ ISO 12800

Nikon D3 @ iso 12800

Test Nikon D3 @ ISO 25600

Nikon D3 @ iso 25600

Conclusions très préliminaires concernant la sensibilité du D3

En comparant directement l'image "iso 400" du D3 à l'image de référence D2X "iso 400", la différence n'est pas flagrante, elle semble un tout petit peu mieux définie.

En revanche, la photo "iso 200" du D3 est réellement plus propre.
En comparant directement l'image "iso 800" du D3 à l'image de référence D2X "iso 800", la différence est clairement visible, l'image du D3 est plus "propre" avec moins de grains.

L'image "iso 1600" du D3 est assez comparable à la référence D2X "iso 800", peut-être avec un poil plus de bruit.
En continuant à monter la sensibilité du D3 :

- à "iso 3200", le grain est bien présent, mais il n'est "pas vilain", et les détails et couleurs sont bien là... Largement exploitable.

- à "iso 6400", le grain monte avec des "pâtés" de couleurs qui perturbent légèrement l'image.. mais c'est toujours exploitable !

- à "iso 12 800", le grain monte encore, et l'image perd de la couleur, donnant une sensation presque monochrome et étant parsemée de petits points blancs... Objectivement, c'est la sensibilité la plus élevée encore exploitable dans des situations extrêmes.

- Enfin, à "iso 25 600", le grain monte encore, et l'image est couverte d'artefacts de couleurs qui sont trop visibles par rapport au sujet de fond... Là, ce n'est plus vraiment utilisable.

Le D3 creuse évidemment l'écart avec le D2X/D2Xs dès que l'on monte en sensibilité, mais cet écart me semble être d'un seul diaph, allez peut-être jusqu'a 1,5 diaph, si l'on effectue un post traitement soigné des images.

Il faut cependant souligner (et je dois bien avouer !) que les images du D3 sont des Jpeg "tel que" sorties directement du boîtier, alors que celles du D2X sont des "Nefs" (Raw) passées par Nikon-Capture et qui sont donc théoriquement un poil plus propres.

Mais dans tous les cas, obtenir des images utilisables avec une sensibilité de 12 800 reste un record en soi !


Au delà de l'aspect positif de la sensibilité obtenue grâce au capteur plein format, une autre inquiétude demeurait :
la qualité d'image, la résolution, le contraste, les franges... sur les bords du capteur et dans les angles.

J'ai le plaisir d'annoncer que ce doute est levé pour moi : le piqué dans les angles est littéralement bluffant !


Ci-dessous, une photo prise avec le nouveau AFS 14-24 2.8G :


Essais objectif Nikon AFS 14-24 2.8 @ F:5.6

(Nikon D3 + AFS 14-24 2.8G, réglé à 14mm et à f:5.6)

Et l'agrandissement à 100% du coin gauche en bas :

Gros plan : test objectif Nikon AFS 14-24 2.8 @ F:5.6

(Nikon D3 + AFS 14-24 2.8G @14mm et à f:5.6 - Zoom coin à 100%)


Franchement, je m'attendais à beaucoup plus de franges (aberrations chromatiques latérales), surtout que c'est du Jpeg, donc il n'y pas subi le très bon traitement correctif de franges de Nikon Capture (mais il semble qu'a présent un algorithme soit intégré dans le D3).

Je pensais également obtenir une image assez "baveuse" vu l'angle extrême (comme avec l'AFS 12-24 4.0DX qui ne brille pas dans les angles) hors il n'est est rien, l'image est bien ciselée... impressionnant !

Moi qui, pendant des années, ai fait des centaines de tests de ce genre en argentique 24x36mm, je ne me souviens pas avoir obtenu une image si bonne dans un coin, en plus avec un angulaire aussi extrême ; et pour couronner le tout, il faut dire que cette photo est prise à iso 3 200 !!! (et là c'est, carrément bluffant !)

Le D3 est vraiment très bon, mais le nouvel objectif AFS 14-24 2.8G est incroyable ("une tuerie" !) : même à pleine ouverture, à f:2.8, l'image est quasi identique !

Très sincèrement, je pense que cet objectif est de très loin le meilleur zoom grand angulaire jamais produit, ce toutes marques confondues.


Allez, un dernier test avec mon bon vieux AFS 17-35 2.8...
également dans le coins en bas à gauche... à f:8.0 toujours iso 3 200 :


Gros plan : test objectif Nikon AFS 17-35 2.8 @ F:8.0

(Nikon D3 + AFS 17-35 2.8D @24mm et à f:8.0 - Zoom coin à 100%)

C'est pas mal non plus !

Deux autres aspects négatifs peuvent entrer en ligne de compte avec le retour à un capteur plein format "FX" :
la distorsion géométrique et le vignetage.

Concernant le vignetage, on retrouve le constat vécu jadis en argentique : une bonne optique pro au large diamètre ne vignete pas du tout si l'on ferme d'un seul cran, c'est le cas du AFS 17-35 2.8 ou du nouveau AFS 24-70 2.8G que j'ai testés.

Pour la distorsion, on y perd clairement avec le retour "DX" -> "FX"...

Exemple : l'AFS 17-35 2.8 à 35 mm affiche une petite distorsion en coussinet en format "FX" alors qu'en format "DX", qui n'utilise que la partie centrale du cercle d'image, cette distorsion n'est pas visible.

A noter que le nouveau AFS 14-24 2.8G a une distorsion "assez visible" à 14mm tout comme l'AFS 24-70 2.8G à 24mm.

Pour le reste, le D3, avec son format "FX", est vraiment un fabuleux boîtier.

Ses points forts :

- Il garde le meilleur du D2Xs : construction, qualité des matériaux, etc... on est bien chez Nikon.

- L'écran semble vraiment géant comparé au D2Xs,

- Le viseur est "enfin" plus grand, et de taille normale comme sur un F5

- Le double emplacement pour cartes Compact Flash est astucieux.

- La résolution et le contrôle des franges de couleurs, dans les angles et bords d'images sont réellement bons pour du plein format 24x36 ! ( du moins avec les 3 optiques de "course" que j'ai testées : mon bon vieux AFS 17-35 2.8D, et les tout nouveaux AFS 14-24 2.8G et AFS 24-70 2.8G. )

- D'une manière générale, la qualité d'images est vraiment au rendez-vous, c'est impressionnant !


On pourrait regretter :

- De ne pas avoir eu, plus de résolution pour le studio ou les paysages, mais cela viendra peut-être assez rapidement, avec qui sait... un D3X à 20 ou 24 Millions de pixels !

- Le poids : ben oui, avec un prisme plus grand, un écran plus grand, etc... le D3 pèse environ 200g de plus que le D2Xs, et cela se sent tout de même.

- Pas de nettoyage automatique du capteur comme sur le tout nouveau D300 annoncé en même temps que le D3.

- Et toujours pas de couplage électronique du diaphragme des objectifs, ce point est pour moi le seul et dernier point faible qui reste à corriger chez Nikon. En effet, c'est toujours une came qui indique à l'objectif, par un mouvement mécanique, la position de fermeture du diaphragme. Le jeu mécanique axial existant parfois entre le boîtier et certains objectifs peut amener une tolérance de 0,2 à 0,3 mm en rotation ; il en résulte des écarts de fermeture de diaphragme qui peuvent aller jusqu'à 0,5 diaph !!!

Mais corriger ce problème reviendrait à revoir la gamme des objectifs... donc ce n'est pas pour tout suite... mais après tout, souvenez-vous, il y a 10 ans, les objectifs "AFS" n'existaient pas et c'est une autre came qui faisait "tourner" l'auto-focus depuis le boîtier.


Conclusion ultime à propos du Nikon D3 : j'en veux un !
(dans les faits, j'ai attendu la sortie des D700, plus légers en voyage, pour remplacer mon vénérable D2X).



Textes et Photos © Richard Soberka - www.photoway.com